Nous avons honoré le thé dans le sud du pays, puis nous avons expérimenté la vie ascétique dans les montagnes à l’est pour finalement terminer notre périple dans la capitale : Séoul.
Séoul, au nord-ouest de la Corée, compte environ dix millions d’habitants intra-muros et plus de vingt-cinq millions avec sa périphérie. Cela fait de cette ville, la troisième plus peuplée au monde après Tokyo et Mexico !
Vous vous doutez bien qu’une fois les pieds posés dans la mégalopole nos sages habitudes bouddhistes se sont vite fait la malle. Adieu sereines montagnes et air pur, bonjour surpopulation et pollution.



Nous logeons en plein centre, dans un appartement perché tout en haut d’un gratte-ciel (Merci airbnb). Un appartement à la Coréenne, exactement comme dans les dramas que je regardais d’antan. Suis-je peut-être moi-même en train de tourner dans l’un d’eux ? Si seulement. ^__^
En bas de chez nous, telle une toile d’araignée, s’entremêlent des rues interminables qui s’étirent sur une gigantesque surface créant ainsi le fameux quartier de Myeong-Dong.
Nous sortons en soirée afin d’aller humer l’air nocturne séoulite et s’imprégner de cette ambiance qui nous est peu commune. Tous nos sens sont en éveil. Les enseignes des magasins brillent de mille feux, les odeurs sucrées, salées se mélangent à l’air saturé de friture, des Séoulites ornés de perruques vertes s’égosillent dans un karaoké à l’extérieur d’un bar.
Et le goût.
On en parle du goût ?! Des rues entières sont gorgées de stands de nourriture pour la plupart inconnue au bataillon. Des gaufres en forme de poissons fourrés à la chantilly et recouverts de bonbons, des cônes glacés défiant toute hauteur, des hot-dogs géants, des brochettes en veux-tu en voilà. Les amateurs de street food sont servis.




Le quartier Myeong-Dong grouille telle une fourmilière.
Les petites échoppes de nourriture côtoient les grandes enseignes de prêt à porter – nous sommes véritablement plongés au cœur d’un temple de la consommation. Bien loin de notre cher temple bouddhiste. Ici, tout va vite. Il faut marcher vite, choisir vite, acheter vite, interdiction de flâner et de contempler la vie.
Mieux vaut avancer rapidement pour ne pas s’apercevoir de la tristesse humaine qui règnent dans tous ces sourires, dans tous ces sacs, dans ces dernières paires de tennis qui finiront au fond d’un placard avec ses cinquante semblables. (la rabat-joie !)


Bon et si on allait se marrer et sortir un peu de ce brouhaha ?!
Direction le musée de l’illusion.




En sortant de là, les abdos en feu à cause des innombrables fous rires, nous nous engouffrons dans le premier bar s’offrant à nous.
Il ne paye vraiment pas de mine.
L’endroit est quasi vide, il n’y a pas de musique, nous sommes tombé dans le bar le plus glauque du quartier. Ce n’est pas grave. Nous nous asseyons à côté de la seule table occupée. Quatre étudiants bruyants fêtent leur samedi soir autour de choppes de mekju[1].
Nous sommes à peine assis, qu’ils nous invitent déjà à leur table. C’est au moment où ils commencent à nous servir que nous réalisons, surpris, qu’ils ne boivent pas que de la bière mais un mélange très courant en Corée : Mekju + Soju[2] !
Le dicton populaire dit : « Mekju + Soju = Tomorrow die »
Ce n’est que le lendemain qu’on comprendra ce que cela veut dire…
- Keon-bae[3] !!! crient-ils tous en cœur en levant leur choppes en l’air.
Il ne nous faut que peu de temps pour prendre le coup et crier en cœur avec eux en levant nos choppes qui ne restent d’ailleurs, jamais bien longtemps vides. C’est finalement le propriétaire du bar qui nous met dehors aux alentours de minuit – heure de sa fermeture.
Nous remercions nos nouveaux amis et continuons notre chemin d’un air tout à fait guilleret. >__<

Soudain au détour d’une ruelle surpeuplée comme en pleine journée, un jeune homme sorti tout droit d’un clip de 50 cents nous aborde et nous demande si nous sommes intéressés de tester « sa » boite de nuit.
Les clubs séoulites ont apparemment l’habitude d’engager des rabatteurs qui ont pour objectif d’appâter les oiseaux nocturnes.
On se regarde, on le regarde, on se reregarde. Ce n’est pas franchement dans nos habitudes de rentrer comme ça en suivant un rabatteur, mais pourquoi pas ?
Il nous accompagne jusqu’à l’entrée de la boite. Titubants légèrement, nous longeons un étroit couloir mal éclairé menant dans un sous-sol. À chaque pas de plus, le volume de la musique s’intensifie. Nous pénétrons finalement dans une vaste salle éclairée aux néons UV. L’endroit est déjà bondé, au centre des filles tout de cuir vêtues dansent sur les tables, des hommes font des battles de danse sur le son hip-hop que passe le DJ. Au comptoir, un groupe d’hommes occidentaux (G.I)[1] tous habillés de la même chemise verte kaki, se divertissent une bière à la main et les yeux rivés sur les danseuses.
Nous commandons d’autres cocktails mekju + soju et trinquons en l’honneur de notre séjour qui se termine dans ce pays du matin calme, qui n’est finalement pas si calme que ça !
Keon-bae ! 😉
Retour vers le premier épisode : Le thé tu honoreras
Retour vers le second épisode : Sage, tu deviendras
[1] Mekju signifie la bière en coréen.
[2] Spiritueux fait à base de riz originaire de Corée.
[3] « Santé » en coréen
[1] Plusieurs bases militaires américaines sont réparties sur le sol sud-coréen afin d’avoir un œil sur la Corée du Nord.