C’est à la gare de Colombo[1] que démarre le périple. Je décide de prendre la direction de la ville d’Anuradhapura dans le nord qui contrairement à la capitale est réputée pour sa richesse culturelle.


Au guichet de la gare on m’annonce qu’il n’y a plus de place en seconde classe ni même en première et que je devrai monter en troisième sans avoir la certitude de pouvoir m’asseoir. Et le trajet dure six heures… !
Le billet de 3e classe en main, je m’installe sur un banc à côté d’un vieux Sri Lankais. Pour passer le temps je m’amuse à décortiquer des ramboutans que je gobe d’une traite. Alors que je tente désespérément de me retirer un poil de ramboutan coincé entre les dents, mon voisin me regarde et se met à rigoler. Surprise mais toujours prête pour de l’autodérision je me mets à rire avec lui ce qui a pour effet de faire danser le poil ! On rit de plus belle. Une fois notre fou rire passé, je lui propose un fruit et commençons la causette.


Il s’appelle Sampath et parle un français en à faire pâlir plus d’un. Notre discussion s’oriente rapidement vers un sujet dont je n’imaginais plus aborder de mon existence : le tsunami de 2004. Moins drôle que le poil de ramboutan !
Il me raconte comment son modeste hôtel dans lequel il avait investi toutes ses économies fut emporté en quelques secondes. Pour me prouver ses dires, il sort de sa sacoche une paire de photos toutes plus horrifiantes les unes que les autres. J’avale de travers mon ramboutan et mon sourire. Il rajoute que son pays ne l’a pas aidé pour reconstruire son hôtel et que toutes les aides venues des quatre coins du monde ne l’ont jamais atteint.
Depuis ce jour-là, il erre dans la capitale à la recherche de petits jobs.
C’est ainsi que je débute la journée accompagnée de ma très fidèle amie la culpabilité.
Mon train entre en gare, je salue Sampath et le laisse. Une horde de gens se précipite pour s’engouffrer à l’intérieur dans le but de décrocher un siège. Je me fais bousculer, marcher dessus, c’est vraiment chacun pour sa peau ! N’étant pas de nature compétitive, je me retrouve donc debout, compressée entre des hommes dont les aisselles de mi-journée à 30 degrés font déjà des leurs. J’arrive finalement à m’asseoir par terre sur ma valise et somnole pendant la quasi totalité du trajet. Les trains sri lankais ont la caractéristique de rouler très…très lentement, cela permet d’apprécier le paysage. Parfois même des personnes montent à la volée pendant que le train est en marche.


J’en profite pour contacter la guesthouse que m’a conseillé Sampath lors de notre discussion, c’est vraiment sympa de sa part ! Le proprio tout aussi gentil, me réserve une de ses chambres et m’annonce qu’il viendra me récupérer à mon arrivée.
Je n’en demandais pas tant ! Mais je prends !
Le train rejoint finalement la gare d’Anuradhapura. Il n’est que 19 heures mais il fait déjà très sombre. Un petit monsieur, du nom de Gayan m’accueille à la sortie, je suis la seule touriste par conséquent – inratable. Je saute dans sa modeste voiture et après quelques minutes de route, nous nous arrêtons devant une maisonnette entourée d’un luxuriant jardin. Une chienne, prénommé Donny m’accueille de tout son amour de chien. Gayan a préparé le repas et m’invite à manger avec sa famille. Je ne pouvais rêver d’un meilleur accueil !
[1] Capitale du Sri Lanka.